Olympe Demarez

A la veille de la Grande Guerre, et ce, pour la première fois dans le Nord, une avocate prêtait serment. C'était le 2 février 1914, devant la Cour d'appel de Douai. Quelle était donc cette jeune femme de 36 ans qui venait d'accéder à ce poste important?

Olympe naît le 27 janvier 1878, au hameau de Rejet de Beaulieu, commune de Catillon. Sa mère Aurélie Olympe Bernard, jeune journalière de 18ans, n'épouse le père d'Olympe, Léocade Léopold Demarez, que l'année suivante.

L'enfant fréquente l'école primaire du hameau où elle obtient le certificat d'études en août 1890. "Demarez Olympe a été une très bonne élève sous le rapport de la conduite et du travail,  nous indique le registre matricule de l'école de Rejet, elle quitte l'école pour apprendre le métier de modiste, mais ses parents ayant changé de décision, l'ont fait continuer ses études". Olympe se destine alors vers l'enseignement : institutrice à Petit-Fort-Philippe de 1898 à 1902, puis à Dunkerque de 1902 à 1908.

Attirée par le droit, elle décide, à l'âge de 30 ans, de quitter l'enseignement.

Afin de subvenir à ses besoins et de financer ses études, elle entre au service de Charles Valentin, jeune avocat inscrit de fraîche date au barreau de Dunkerque, en tant que secrétaire.

Olympe obtient sa capacité en droit avant de décrocher en 1913 sa licence, et,  le 2 février 1914, c'est la consécration.

Entre-temps Charles Valentin entame une carrière politique. Il est élu conseiller général en 1913 à Gravelines. Entre les deux êtres, les relations prennent un tour plus intime; d'employeur, Charles devient l'amant et le compagnon d'Olympe.

La Grande Guerre marque un coup d'arrêt provisoire aux ambitions politiques du conseiller général. Battu aux cantonales de 1919, il conquiert le beffroi de Dunkerque en 1925, et sera constamment réélu maire. Mais il faut attendre 1934 pour retrouver le siège de conseiller général, et 1936 pour accéder enfin à la députation.

Parallèlement, Charles poursuit une brillante carrière d'avocat. Son talent oratoire, son charisme permettent de le considérer comme l'un des ténors du barreau. Ses idées progressistes lui valent le surnom "d'avocat des pauvres et des déshérités".

En revanche, Olympe semble avoir peu plaidé. Elle se consacre toute entière aux activités politiques et aux causes défendues par son compagnon. C'est elle qui prépare les dossiers, de main de maître. De l'avis unanime des personnes qui ont eu le privilège de côtoyer le couple, Olympe s'est avérée une collaboratrice de tout premier ordre, une femme intelligence remarquable, poussant le dévouement et l'abnégation jusqu'au sacrifice de sa carrière personnelle.

Charles est au faîte de la gloire, un homme politique de tout premier plan dans le paysage politique régional de l'entre-deux-guerres lorsque le drame survient.

Le 20 septembre 1939 au matin, le député-maire de Dunkerque devant prendre le train en gare de Lille pour se rendre à Paris, prend place à bord de la puissante automobile de Jean Pick, commerçant à Dunkerque, une Delage acquise auprès des héritiers de Jean Mermoz. Parvenu dans la banlieue lilloise, le véhicule percute de plein fouet un tramway. Le conducteur de l'automobile est tué sur le coup.

Grièvement blessé, l'illustre passager est emmené à l'hôpital Calmette. Le professeur Oscar Lambret, praticien de renom, diagnostique une fracture du crâne et tente en vain une trépanation.

Deux jours plus tard, l'état du blessé empirant, Charles Saint-Venant, député-maire de Lille, unit Olympe et Charles par les liens du mariage.

Peu après la cérémonie, Charles rend le dernier soupir. Il a 58 ans.

Olympe effectue ensuite un retour aux sources à Rejet et y loue une petite maison rue de l'église. Sur place, elle s'occupe activement de "l'oeuvre des petits réfugiés".

A la libération, Olympe rejoint Dunkerque, et à la demande du successeur de Charles Valentin, contribue à la réorganisation des archives municipales de la ville. Les dunkerquois auront souvent l'occasion de la rencontrer lors des manifestations de sa famille politique, ou lors des commémorations officielles organisées à la date anniversaire de la disparition de son mari.

Le 5 septembre 1964, Olympe s'éteint, à l'âge de 86 ans.

 

Jean-Louis Bouvart extrait de l'ouvrage "De Gourgouche....à Rejet de Beaulieu" - Dépôt légal Décembre 1999

Date de Naissance

27 janvier 1878

Commune

Walincourt-Selvigny