Jean Crinon

Jean CRINON caractérise-t-il les apôtres du sport de sa région d'origine, descendant de ces picards dont FÉNELON disait, il y a trois siècles, qu'il fallait s'habituer à « leurs manières épineuses ».

Né à Walincourt le 6 janvier 1927, Jean CRINON fait ses études à Caudry, puis à Bohain et Saint-Quentin. Il tâte un peu de tous les sports, dont bien entendu le football qu'il pratique dans différents clubs: Walincourt, Chauny, Maubeuge, Saint-Quentin, alors en C.F.A. Il pratique le cyclisme ou Vélo-Club Saint Quentinois et aussi la boxe, ce qui lui donne l'occasion de croiser les gants, en camarade, avec Robert DUQUESNES de Walincourt, fils du maréchal ferrant et futur champion de France, en somme, les sports dits « populaires ».

Son père, commerçant en textile à Walincourt qui disait à son fils, aîné de cinq enfants: « Tu n'arriveras à rien avec la radio ! ». Ce père, lui-même sportif convaincu, avait dû arrêter à 18 ans pour raison de blessures. Par la suite, il est dirigeant du Club de football de Walincourt pendant 50 ans, et comme cela arrive fréquemment il avait probablement projeté ses aspirations sur la personne de son fils.

Suivant en cela les sages conseils de son père, le voici en 1945, maître d'Education physique à Chauny puis à Bohain et il pratique surtout les sports collectifs. Mais il joint à ses qualités sportives un don qui lui permet d'imiter les reporters sportifs de l’époque qui jouissent d'une grande popu!arité : Georges BRIQUET, Luc VARENNES. Le samedi 22 septembre 1945, il se présente aux portes de Radio Lille qui recrute des reporters sportifs régionaux. Il lit l'affiche à 11 heures et l'envie lui vient soudain de faire demi-tour en pensant aux personnages impressionnants qu'il va côtoyer. Mais voici qu'ils sortent tous des studios à midi, notre candidat s'aperçoit que ce sont des gens « comme tout le monde ». Il est « repêché hors délai » pour l’inscription, et subit le concours à 14 heures avec succès.

Tout d'abord pigiste, il continue d'enseigner à Saint- Quentin et passe 51 week-ends à Lille en tant que reporter. A la demande de Georges BRIQUET, il participe à l’émission nationale connue sous le nom de « Sports et musique ». A Lille, la télévision fait ses débuts en 1950 ; progressivement le magazine hebdomadaire d'information devient quotidien et une heure est accordée aux résultats sportifs chaque lundi. A partir de 1960, c'est le boum de la télévision dans tous les foyers avec conséquences capitales sur l’intérêt porté au sport.

En 1970, Jean CRINON « fait le saut ». Il abandonne l'enseignement et devient titulaire à l'O.R.T.f. de Lille, responsable des sports dons un studio qui restera inchangé de 1950 à 1980 et en compagnie d'André WARTELLE, champion nordiste de course à pied. A ce titre, il a pour mission d'établir le calendrier des émissions sportives en début de semaine en fonction des multiples informations qui aboutissent à son bureau. la « Semaine » s'étend surtout du jeudi matin au lundi soir, avec, on s'en doute, des horaires de travail très élastiques. L'équipe des cameramen, aidée de dix pigistes locaux enregistre les images qui seront commentées par les journalistes et projetées, soit le soir même, soit le lundi soir.

Il décède à Bruay-la-Buissière le 26 octobre 1994.

 

(D’après Gérard Domise-Pagnien et Jean Doffe dans Farda, n° 37, revue du club des généalogistes amateurs du Cambrésis)

Date de Naissance

6 janvier 1927