Dom Druon
Busigny voit naître le 12 septembre 1747 Dom Druon (base "Léonore"), Bénédictin, et bibliothécaire de la Chambre des Députés à sa mort.
Pierre-Paul Druon est issu d'une honnête famille de cultivateurs. Lorsqu'il vient au monde, en 1747, son père Jacques, exerce la profession de greffier du village, afin de subvenir aux besoins de sa nombreuse famille. Jacques Druon élève ses enfants correctement, avec sagacité et intelligence; il les dirige et leur permet d'embrasser des carrières de choix.
Jacques confie le jeune Pierre-Paul à son frère, religieux de l'ordre de Saint Benoît, prieur de l'abbaye Saint-Jean de Laon, qui se charge de le faire travailler.
Très doué au point de vue intellectuel, le jeune homme fait d'excellentes études et se voue très tôt à l'état ecclésiastique. Protégé par son oncle, il entre le 22 Mars 1766 dans l'ordre savant des Bénédictions de la Congrégation de Saint-Maur, où, aux pratiques religieuses on joint l'amour des lettres et des arts.
A la Révolution Française, Dom Druon fait fonction de Prieur à la célèbre abbaye de Saint Germain des Près à Paris; il possède dès lors une certaine réputation littéraire, malgré son jeune âge, cela même parmi ses érudits et laborieux confrères. Il a déjà attaché son nom au fameux "Recueil des historiens des Gaules et de la France" ouvrage commencé en 1738, dont le tome XIV est son oeuvre intégrale. De 1783 à 1787, il collabore également à la rédaction du troisième volume de "L'art de vérifier les dates", immense répertoire historique.
La Révolution engendre la suppression des ordres religieux ; Dom Druon n'abandonne pas sa patrie ; il se plonge dans l'étude et lecture, mais ne demeure pas longtemps dans l'obscurité. En 1798, an VII de la République, le Gouvernement du Directoire décide de fonder une bibliothèque destinée aux législateurs. Dom Druon est désigné, ainsi que le député Camus, pour réaliser ce travail. A la mort de Camus, en 1804, le Gouvernement Impérial nomme le bénédictin, Conservateur en Chef de la Bibliothèque.
Les services qu'il a rendus aux lettres, la manière courtoise, intelligente et éclairée dont il remplit ses nouvelles fonctions, attirent l'attention de l'Empereur Napoléon qui remet personnellement à Dom Druon la croix de la Légion d'Honneur. Ami de nombreux lettrés, Dom Druon se lie avec les députés érudits ; il expose avec fierté les curiosités littéraires de la Bibliothèque du Corps législatif, montrant le manuscrit autographe de Jean-Jacques Rousseau remis sur le bureau de la Convention par sa compagne Thérèse.
Dom Druon se constitue une bibliothèque personnelle, comprenant plusieurs livres d'heures sur vélin, des manuscrits miniatures des XIV et XV è siècles, des impressions gothiques; au milieu des ouvrages sérieux, le savant bénédictin introduit quelques morceaux de nos vieux poètes français et même un exemplaire du Coran, manuscrit oriental de grande beauté, avec reliure égyptienne et caractères arabes sur les plats. Ce manuscrit avait appartenu à Mme la Comtesse de Menou, que le Général bonapartiste de ce nom avait épousée en Egypte, après avoir embrassée la religion mahométane qu'elle professait.
Savant aimable et consciencieux, Dom Druon tend souvent une main secourable à sa nombreuse famille. Jusqu'à la fin de sa vie, il se fait remarquer par une exquise urbanité, un zèle scrupuleux et une bonté sans égale. Lorsqu'il meurt le 3 Octobre 1833, il jouit de l'estime générale. Aux obsèques, le Comte de Laborde, questeur de la Chambre des Députés, aide de camp du Roi Louis-Philippe prononce sur sa tombe, au milieu d'une foule de membres du Corps législatif, un long panégyrique.
12 septembre 1947
Busigny
Bénédictin et bibliothécaire de la chambre des Députés