Michel Dhaussy dit "L'Enfant Sage"

Homme vraiment extraordinaire, enfant qui faisait présager les plus hautes destinées et que la providence fait mourir dans l'obscur mais saint office de curé de Cagnoncles.

 

Monsieur Michel Dhaussy naît à Saint-Aubert le 24 février 1763. A l'âge de quatre ans il avait entre les mains un "ange conducteur", livre de prières de sa mère. Emerveillé par l'esprit précoce de l'enfant, l'abbé de Saint-Aubert promet au père de Michel Dhaussy de se charger de l'éducation de son fils. Le père Dhaussy laisse là son métier de tisserand et se met à faire son tour du Cambrésis avec son précieux enfant. Le jeune Dhaussy répondait avec une étonnante précision à toutes les questions, lisait dans tous les livres et déclamait par choeur les pensées chrétiennes du père Bouhours. Cet enfant avait l'instinct du beau, inné chez lui. Surnommé l'enfant sage il avait acquit une telle réputation dans tout le Cambrésis que chacun voulait le voir et l'entendre. Il va jusqu'à Liesse, lieu célèbre par le pélerinage qui s'y fait à une image de la Sainte Vierge. Le curé de Liesse connait à Reims un magistrat qui n'a pas d'enfant et qui, il en est sûr, adopterait volontiers Michel Dhaussy. Le magistrat Rémois n'hésite pas à accepter l'enfant sage pour son fils adoptif. Mais jamais l'enfant ne voulut se séparer de son véritable père. Après la maltraitance, la tendresse paternelle reprend le dessus et il emmene son fils avec lui. Michel Dhaussy revient donc au village de Saint-Aubert, il s'emploie à étudier le catéchisme et à l'enseigner aux enfants de son âge qu'il réunissait autour de lui. Puis il fût jugé capable d'être admis au collège et entre en grammaire au collège de Cambrai pendant deux ans. A la mort de l'abbé Saint-Aubert sans protecteur, sans argent, on vit le jeune Dhaussy réduit à demander du pain à ses camarades et dormir sous des arbres récemment abattus. Mais bientôt les parents de ses camarades touchés de ses privations l'attirèrent chez eux comme répétiteur de leurs enfants. Jamais Michel Dhaussy n'oublia ces personnes.

A quatorze ans, l'enfant sage est en seconde. L'année précédente, le jeune collégien avait fait deviner toutes les ressources de son esprit ; cette année il révélait les précieuses qualités de son coeur. C'est de cette époque que datent l'estime et l'amitié que tout le Cambrésis voue à l'enfant sage. Après avoir fait son cours d'humanités à Cambrai, le jeune Dhaussy part pour Douai, étudier la philosophie et la théologie au séminaire du Roi. Il revient à Cambrai avec son diplôme de bachelier en théologie. Il hésite alors pour embrasser la carrière des armes et il entre pour y réfléchir au collège de Cambrai en qualité de maître d'études.  Néanmoins, il se décide et  le 23 décembre 1786 reçoit la tonsure cléricale , les ordres moindres et le sous-diaconat puis ordonné diacre le 24 mars 1787 et prêtre le 2 juin 1787 par Monseigneur l'évêque de d'Amicles. La même année, il est nommé professeur de sixième au collège de Cambrai, place qu'il occupe pendant cinq ans jusqu'au moment de la Révolution. La constitution civile du clergé avait été déclarée; entre le schisme et l'exil il fallait choisir ; il choisit de partir . Ses amis chargent alors son père de la mission de faire changer la volonté de son fils. Ce à quoi Michel répond :" Jaime mieux m'exiler, que de désobéir au chef suprême de l'église". Il part donc à Mons, (partie du diocèse de Cambrai) . L'Archevêque y fonde avec des professeurs un collège et vient y résider avec eux. Monsieur Dhaussy y reste en qualité de préfet d'études. A cause de l'avancée des armées françaises en Belgique, les emigrés sont forcés à se retirer en Allemagne et ils arrivent au mois de mars  1794 à Heligenstadt où les malheureux proscrits se reposent.

Puis Monsieur Dhaussy est employé en qualité de précepteur des enfants d'un ami du Bourgmestre. Il reste sept ans chez cet homme bienfaisant.Il n'oubliera jamais : après son retour en France dans son presbytère de Cagnoncles on trouvera deux portraits de son bienfaiteur allemand et de sa femme. Enfin la religion renaît avec l'ordre, le concordat est signé et Monsieur Dhaussy,  rentré dans le diocèse de Cambrai, reçoit le 6 février 1803 son institution de curé désservant de la paroisse de Cagnoncles des mains de Monseigneur Belmas. Ce dernier cherche à se l'attacher en qualité de secrétaire de l'évêché mais Monsieur Dhaussy opte pour la modeste cure. Le premier soin de l'abbé Dhaussy est la restauration de son église que la Révolution avait dépouillée et bientôt elle pût rivaliser pour la richesse des ornements avec les églises de ville. Puis avec le don secret d'une main généreuse , le curé de Cagnoncles entreprit la construction du calvaire en 1823. Le Christ fût l'ouvrage de Dégand, sculpteur de Douai. Ne nous étonnons pas que Monsieur Dhaussy fût parvenu à faire de Cagnoncles la paroisse modèle du Cambrésis, pour la piété des moeurs et pour la piété.

Il tombe en allant porter le viatique à un malade, entre en agonie le 14 au soir et le 15 mai 1843, jour de l'assomption,  il remet son âme au créateur.

 

Date de Naissance

24 février 1763